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An Ordinary Guardian

Renaissance

Renaissance

Un violent mal de crâne m'assaille soudainement, sourd et grondant, comme si ma tête allait exploser. J'essaie d'ouvrir les yeux, mais je suis ébloui par une vive lumière blanche. Une voix étouffée me parvient, je ne sais pas ce qu'elle dit, je ne comprends pas un traitre mot. D'autres bruits accompagnent cette voix, une brouhaha inaudible, mélange de bourrasque de vent, de tirs d'armes à feu et d'autres bruits que je suis incapable de reconnaître. Je n'ai pas bougé d'un poil, je me sens comme engourdi, mes sens ne répondent pas tous. Et c'est mon odorat qui se réveille soudain, me faisant renifler à pleins poumons l'odeur de la terre mouillée. Quelque chose de froid coule sur mon visage, je bouge la main pour me frotter la joue. Ce n'est que de l'eau, je prends conscience qu'il pleut. Et que je suis allongé face contre terre. Je crache un peu de sable en expirant et ouvre à nouveau les yeux pour voir, une fois que ma vision cesse d'être floue, un revolver non loin de ma tête. Il est vieux et rouillé, les herbes commencent presque à pousser dessus. Je bouge mon corps entier, j'essaie de m'appuyer sur mes paumes et je parviens, après de nombreux efforts, à me redresser et à me mettre à genoux. Je suis dans un genre de champ, couverts de voitures. A trois mètres de moi à peine, il y a un squelette, la tête est manquante. La voix me parle à nouveau, moins étouffée, mais il n'y a personne en vue. Quelque chose passe soudain dans mon champ de vision pour s'arrêter au niveau de mon visage. Une étrange petite chose volante, une forme que j'ai peine à décrire, faite d'angles bizarres, toute blanche, un genre d'œil numérique se trouve au milieu. Et le tout bouge, tourne sur lui-même, c'est plus expressif qu'un visage humain, l'œil a même l'air de pouvoir exprimer des émotions. C'est franchement flippant. Et en plus, ça a l'air inquiet. " Vous m'entendez ? " dit-il, c'était lui la voix étouffée. Je l'entends presque parfaitement à présent. Mais ma réponse se fait longue à venir, comme si ma bouche ne voulait pas articuler ce que ma tête veut dire. Je bafouille un "t'es qui ?" et la chose a l'air soulagée. Les bruits que j'entendais se sont rapproché, la machine se retourne vers eux avant de revenir vers moi, au brin paniqué. " Levez-vous ! Les Déchus arrivent ! " Les Déchus, ça c'est quelque chose que je connais. Ces saloperies extraterrestres ont débarqué sur Terre, sans raison, et la guerre a commencé. Je me battais contre eux, ça je m'en rappelle bien, à...Chicago ! Je me lève et je tourne sur moi-même, certes je suis dans un champ, mais à quelques kilomètres de là, je vois la silhouette de Chicago. C'est là que je suis né et c'est là que je suis... " Mort...? " prononcé-je à haute-voix. " Oui, depuis une centaine d'années environ... " C'est cette drôle de chose qui a répondu, avec une voix étrangement triste, presque mélancolique. Des tirs me sortent de mes pensées, ils ont failli me toucher et ont sifflé à mes oreilles. Je cours vers la ville, fuyant un petit groupe de Déchus qui me poursuit. Ils continuent de me tirer dessus en courant. Heureusement, ils tirent mal et je cours vite. Les kilomètres me séparant de la ville sont rapidement avalés et j'arrive dans une petite banlieue résidentielle. J'appelle à l'aide, hurlant aussi fort que je le peux. Tout est calme. Il n'y a pas un bruit, même pas le murmure lointain du centre-ville qu'on aurait du entendre. Je m'arrête de courir au milieu d'un croisement, pas une voiture, pas un piéton, pas un bruit... " Ils sont tous morts ", murmure tristement la petite chose flottante. Un Déchu parle pas loin de moi, je me dépêche d'aller me réfugier dans une maison. Elle est à moitié en ruines, tout est à l'abandon depuis des années, ça se voit. Un animal s'est fait un nid dans la cheminée, la poussière a tout recouvert et des plantes ont poussé à travers le vieux parquet. J'entends encore les Déchus et je me précipite derrière le canapé et me met à plat ventre. L'étrange machine est à côté de ma tête, il ne dit rien, mais il n'a pas l'air tranquille...Les voix des Déchus s'éloignent, au ton de l'un d'eux, je comprends qu'ils ne sont pas contents. J'attends encore un peu avant de sortir de derrière le canapé, histoire d'être sûrs qu'ils vraiment loin. La chose se présente enfin, elle est un Spectre, une créature créée par le Voyageur pour trouver un Gardien. L'heure qui suit, le Spectre m'explique un bon millier de choses sur le monde, la guerre entre les Ténèbres et la Lumière, ce que sont les Gardiens et ce qu'ils doivent accomplir. Protéger la Cité, protéger la Terre, pour, un jour peut-être récupérer ce qui nous appartient. Je reste silencieux, je suis un peu perdu avec tout ça moi. Et surtout, je me demande pourquoi moi ? Avant tout ça, j'étais juste un flic solitaire, qui faisait son travail au mieux. Et maintenant, je suis un défenseur de l'Humanité, un mur contre les Ténèbres...? C'est fou, insensé, dingue, incroyable...Et tous les autres synonymes qui vont avec. Le Spectre a l'air de sourire. Et ça aussi, c'est étrange. " Pourquoi ? " je lui demande enfin. " Parce que c'est comme ça. Je sais que c'est vous aussi surement que je sais que le Voyageur m'a fait naître. Je crois que les Gardiens sont choisis en fonction de la bravoure donc ils ont fait preuve dans leur vie passée. Je rois que plus ils ont été braves, plus leur Lumière brille fort. Et vous, vous avez du l'être beaucoup. " Il se tait et je reste à réfléchir. Je n'ai jamais montré plus de bravoure que mes collègues, je n'ai jamais été un héros. Quoi qu'aient pu en dire le commissaire et mon capitaine...Après tout, on est flic, c'est pas être brave de courir après un braqueur ou d'aider une femme battue en collant une branlée à son mec...C'est juste faire son job. Même ma mort n'a pas été héroïque, bien que les souvenirs que j'ai de cette partie-là soient étrangement flous...Il devait y avoir des Déchus, j'escortais surement la voisine et ses gamins pour qu'ils fuient. Alors pourquoi moi bon sang...? Mais je devrais résoudre cette question plus tard, sûrement, le Spectre sort e la maison abandonnée. Avant de le suivre, je regarde autour de moi, il me faut quelque chose de ma vie passée...Le Spectre s'est déjà bien avancé, il va vers des structures lointaines : l'ancien site de lancement de tout l'état de l'Illinois. Je lui dis que je ne veux pas y aller tout de suite, que je dois passer à mon appartement d'abord, il ne comprend pas mais nous y allons quand même. Cela prend deux heures de retourner là-bas à pied, c'est une grande ville et j'y ai un peu perdu mon sens de l'orientation. L'immeuble est couvert de lierre, l'escalier sale et certaines marches se sont effondré. Je monde quand même jusqu'au cinquième et reste devant la porte. Je n'ai pas les clefs. Mais les gonds ne sont plus très solides, attaqués par la rouille, ils cèdent après un coup de pied. Personne n'est entré depuis que j'en suis parti, presque cent ans plus tôt. Tout est en place, sous une lourde couche de poussière, les rayons du soleil filtrent entre les guenilles qui étaient autrefois des rideaux. L'endroit me fait frissonner, ce genre de frissons qui vous parcourt l'échine entière, vous disant que quelque chose ne va pas. Le Spectre veut qu'on se hâte, mais je suis trop terrifié par mon reflet pour l'écouter. Mon visage est comme avant, comme je m'en souviens, mais plus fatigué. Mes vêtements sont sales, tâchés de brun sombre, de terre et de ce qui semble être de l'huile de vidange. Je ne suis pas en uniforme, juste en t-shirt et jean. Le tout est encore un peu mouillé par la pluie, qui a cessé maintenant. " Vous faites un peu à voir, c'est vrai, mais nous n'avons pas le temps pour cela ", continue le Spectre. Je lui lance un regard noir et je vais à ma chambre. Bien entendu, aucun des vêtements n'est mettable et je dois garder sur le dos les fringues de ma mort. C'est étrange de porter des vêtements couverts de son propre sang...Mais ce n'est pas ça que je cherche heureusement. C'est ma plaque. Aussi étrange que cela paraisse et en dépit des remarques du Spectre, je la glisse dans ma poche. Nous pouvons y aller. Le Spectre veut qu'on trouve un vaisseau pour rejoindre la Tour. Il ne m'a toujours pas dit où était cette fichue Tour d'ailleurs...Tant pis, de toute façon, je n'ai pas le choix, je suis un Gardien après tout.

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